Schizophrénies tardives

Article paru dans Neuropsychiatrie : Tendances et Débats 2005 ; 26.

Les schizophrénies qui débutent tard, passée la cinquantaine (les « PHC » de notre nosographie traditionnelle) sont-elles le signe avant-coureur d’une démence ? La question se pose de longue date. Elle reste controversée, principalement du fait de l’absence de suivi prospectif et du manque d’accord sur les critères diagnostiques schizophrénie tardive et de démence utilisés. Une équipe australienne a voulu en savoir plus. Elle a réuni une cohorte de 27 cas de schizophrénie définie selon les critères les plus restrictifs (ceux du DSM III R), ayant débuté après 50 ans, en l’absence de tout antécédent psychiatrique et de signe de déclin cognitif au moment du diagnostic. Le suivi sur 5 années, avec bilan cognitif et IRM répétés à un, puis cinq ans, et comparaison avec un groupe témoin apparié en âge et sexe, montre que la moitié des cas évoluent vers une démence caractérisée durant la période considérée. Sur les 19 cas qui ont pu être suivis jusqu’au bout des cinq années de l’étude, 9 présentaient une démence indubitable : cinq de type Alzheimer, une vasculaire, trois de type non différentiable. La série des cas étudiés était trop restreinte pour qu’il soit possible de détecter les facteurs prédictifs d’une évolution démentielle sans risque d’erreur. Mais il ressort tout de même un certain nombre d’indices de pronostic défavorable : un âge de début particulièrement tardif, des perturbations d’emblée dans le registre de l’autonomie, un milieu d’origine socialement défavorisé, une tendance à l’atrophie cérébrale à l’imagerie. Tout ceci conforte l’hypothèse qu’un sous-groupe des schizophrénies débutant tard dans la vie dévoilent des encéphalopathies neuro-dégénératives

 

Brodaty H, Sachdev P, Koschera A & al. . Brit J Psychiatr 2003 ; 183 : 213-219.