Nicole Horassius-Jarrié : Un autre regard sur la schizophrénie d’Alain Bottéro

Article paru dans L’information psychiatrique 5/2008 (Volume 84) , p. 455-460
URL : www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2008-5-page-455.htm.

Un anniversaire et quel anniversaire ! La schizophrénie a 100 ans. À cette occasion, Alain Bottéro nous fait un vrai cadeau en publiant un ouvrage qui, bien sûr, s’inscrit dans la longue histoire des livres sur cette maladie, mais qui y tiendra cependant une place bien particulière. Il propose en effet à l’occasion de ce centenaire de dresser un bilan raisonné de la question « des » schizophrénies.

Un tel bilan, nous dit l’auteur, peut s’envisager de deux façons fort différentes. Ou bien l’on considère que les problèmes sont pour la plupart élucidés, reste à en expliciter les solutions par l’exposé le plus didactique qui soit, et il existe pour cela de bons manuels. Ou bien l’on choisit de s’interroger sur ce qu’on sait, sur ce qu’on croît savoir, sur ce qu’on ne sait pas quand on va au fond des choses, et c’est à un bilan critique qu’on aboutit. C’est le parti choisi par ce praticien qui, de toute évidence, est avant tout préoccupé par les hommes et les femmes à qui nous appliquons nos connaissances actuelles et qui vont devoir vivre avec elles.

Tâtonnements, limites, impasses la question est ici traitée de façon ouverte comme un problème en cours d’étude, incertitude même sur la définition et, partant, sur le diagnostic. Cette façon d’aborder la question fait tout l’intérêt de cet ouvrage qui ne ressemble en rien à nos manuels habituels mais où tous les cliniciens retrouveront leurs propres interrogations. L’ouvrage se subdivise en quatre parties :
« Qu’est-ce que la schizophrénie ? » demande-t-il d’abord. À cette première question, l’auteur répond que c’est aujourd’hui une notion clinique provisoire qui souffre encore de sérieux problèmes de limitation et dont la définition varie d’un pays à l’autre, d’une école à l’autre ou d’une classification à l’autre. Les critères de cette affection potentiellement sévère demeurent encore incertains et débattus et sont, à certains égards, le reflet de leur époque.
L’histoire de la schizophrénie d’hier à aujourd’hui est ensuite abordée. Cette deuxième partie s’attache de manière claire et complète à retracer la genèse du concept de schizophrénie et à définir la « dissociation ». Bien entendu, on y retrouve « nos » grands auteurs.
Les « représentations » qui suivent constituent un chapitre assez peu glorieux pour les psychiatres qui semblent bien avoir contribué à répéter et à diffuser les préjugés les plus négatifs sur cette affection. Les malades ont été victimes de défiance (répulsion, dégoût manifeste), de généralisations (pessimistes), de réifications des hypothèses (on finit par voir, sentir et constater ce qu’on a longtemps imaginé) et, en dernier mais non la moindre, d’insensibilité vis-à-vis de leurs souffrances. Les aliénés ont une odeur spéciale, auraient raconté certains, bien que ni Bleuler, ni Kraepelin, ni Did, ni Henri Ey ne semblent avoir senti cette odeur. Le poids de l’histoire, des idées et des pratiques pèse d’autant plus lourd dans l’imaginaire psychiatrique que nous manquons d’ancrage stable et restons le plus souvent dans le flou et l’incertitude.
Mais qu’en est-il alors du « traitement » ? C’est l’objet de la quatrième partie. Les dix années qui viennent de s’écouler ont donné lieu à une avalanche de « guides de recommandations » et autres « conférences de consensus ». Sans doute doit-on maintenant quitter le domaine d’une information réservée aux seuls psychiatres ; sans doute ces travaux répondent-ils aussi à la nécessité de limiter la disparité des pratiques sans oublier les enjeux économiques sous-jacents.

Ce qui est particulièrement intéressant et instructif dans ce chapitre, c’est la mise en perspective des quinze conférences ou guides placés côte à côte dans destableaux comparatifs (p. 205). Si les objectifs consensuels (un peu mous parfois) sont apparemment les mêmes, les questions posées révèlent que chaque école, chaque pays avait une autre préoccupation sous-jacente, une préoccupation plus politique. La France, par exemple, souhaitait surtout apaiser le débat, réconcilier les acteurs et rallier le plus grand nombre « d’écoles de pensée ». D’autres pays plus pragmatiques ont surtout mis en valeur les modalités thérapeutiques qui ont fait la preuve de leur efficacité, facilitant ainsi le processus décisionnel des cliniciens.

De tous ces débats, il ressort que nous savons, bien sûr, beaucoup plus de choses sur la schizophrénie qu’il y a dix ans mais que nos connaissances restent encore très fragiles, incomplètes, provisoires, en attente permanente de confirmation ou d’infirmation. Réjouissons-nous, on est fort heureusement passé « du stade des évidences crédules à celui d’une prudence critique, d’une psychiatrie des dogmes à une psychiatrie d’esprit scientifique ».

Reste, bien évidemment, à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain : nos règles, nos protocoles de traitement, même imparfaits, ont le grand mérite d’exister, et l’auteur aborde et détaille les différentes façons de soigner cet être fragile qu’est le sujet atteint de troubles schizophréniques (et non pas « le schizophrène »).

Dans ce chapitre, rien n’est éludé des diverses facettes et difficultés du traitement, depuis le premier épisode jusqu’au suivi du long terme en passant par les rechutes avec le délicat problème de la poursuite ou non des prescriptions médicamenteuses. À ce propos, un chapitre est consacré à ce que l’auteur appelle le « scandale des effets secondaires », trop souvent minimisés. On y apprend qu’aux États-Unis un professeur de droit à l’université de Cleveland, longtemps procureur, Sheldon Gelman, vient de mener une véritable enquête, ou plutôt de bâtir un véritable réquisitoire (assez accablant), sur l’indifférence résignée des psychiatres devant la pauvre démarche des malades sous neuroleptiques ou les grimaces et contorsions pathétiques des dyskénésies.

Alain Bottéro nous livre alors d’intéressantes réflexions personnelles. Peut-être est-il moins confronté aux formes très invalidées et décourageantes que nous abordons dans les hôpitaux psychiatriques, car il va jusqu’à conclure que le pronostic est sans doute moins fermé qu’il n’y paraît. « Être raisonnablement positif, écrit l’auteur, plutôt que catastrophique, peut parfois beaucoup changer le cours des choses. »

L’alliance indispensable entre le médecin et le malade fera le lit de l’observance. Une observance toujours recherchée mais à laquelle il faut parfois savoir renoncer pour qu’elle puisse subvenir. « Ce n’est que par un lien de confiance, de complicité, d’amitié, dirait Ricœur, que (l’observance) pourra naître et s’affermir. »

Qui est Alain Bottéro ? Un psychiatre qui fut chef de clinique à la Pitié-Salpêtrière, chercheur à l’université Harvard, assistant à l’hôpital Saint-Antoine. Il est le corédacteur en chef d’une excellente revue associant psychiatrie, neurologie et neurosciences.

Je pourrais écrire que ce livre est remarquable, ce qui est vrai à mes yeux, mais je préfère dire qu’il est à la fois très savant et très sympathique. Merci au regretté Édouard Zarifian d’en avoir encouragé l’écriture et la publication. J’ai trouvé là un vrai témoignage d’humanisme médical et une démarche de pensée qui donne tout au long au lecteur le sentiment rare qu’il dialogue avec l’auteur, sans pour autant, bien sûr, être toujours en accord avec lui. Je souhaite le même plaisir de lecture aux lecteurs à venir.

Cet ouvrage devrait figurer dans toutes les bibliothèques médicales, car il sera utile à tous ceux qui côtoient les malades et s’efforcent de les aider à vivre. Sa bibliographie est très complète, et le lexique de la fin explicite clairement les termes techniques, ce qui en facilite la lecture par des non-professionnels, les familles notamment. Le style, excellent, est nourri tout au long de références culturelles de qualité.

On en jugera, notamment, à la fin du livre qui évoque William Kurelek. Qui est William Kurelek ? Pour le savoir, lisez l’extrait ci-contre (encadré 1). Lisez l’histoire de cet homme malade, hospitalisé quatre années environ au début des années cinquante (certains d’entre nous se souviennent de ce qu’étaient alors les soins !). Elle montre, implicitement, que le pronostic des troubles schizophréniques n’est sans doute pas aussi fermé qu’on nous l’a appris.

Le Labyrinthe, de William Kurelek

« C’est un fait étonnant, quand on y songe, que chaque être humain constitue pour tous les autres un secret, un mystère insondable. »

(Charles Dickens, Un conte de deux villes)

William Kurelek (1927-1977) était l’aîné d’une famille de fermiers de la Bucovine ukrainienne immigrés au Canada au début des années 1920. Il a vécu son enfance dans plusieurs fermes des pionniers des grandes plaines de l’Alberta et du Manitoba, au hasard des faillites des métayages de son père. Sensible, introverti, il souffrait de ne pas répondre à l’idéal de virilité exigé par ce dernier dans les travaux des champs, idéal que son frère cadet manifestait plus d’aisance à satisfaire. Il devait en développer une terreur paralysante d’un père dont il redoutait et admirait à la fois la toute-puissance, avec un sentiment de profonde inadéquation. Il rapporta plus tard les troubles psychiques dont il fut victime à l’atmosphère d’incompréhension et de déception qui viciait en permanence leurs relations. Écolier brillant mais mal dans sa peau, il voit ses difficultés s’aggraver avec l’adolescence pour culminer en une intense déréliction. Il quitte sa famille pour une longue pérégrination solitaire à pied, qui le conduit jusqu’au Mexique où il s’installe à peindre quelques mois, avant d’embarquer pour l’Angleterre avec le projet d’étudier l’art et de se faire soigner. Il est hospitalisé une première fois en 1952 à l’hôpital psychiatrique Maudsley de Londres, derechef quelques mois après en raison d’une aggravation. Son état ne s’étant pas amélioré après plus d’une année de soins, Kurelek est transféré dans l’hôpital psychiatrique de long séjour de Netherne, dans le Surrey au sud de Londres. Il y reste quinze mois, subissant entre autres une série d’électrochocs à la suite d’une tentative de suicide. Après sa sortie, il entre comme apprenti chez un encadreur londonien réputé, tout en continuant de peindre et de dessiner. Sous l’influence d’une amie infirmière rencontrée au Maudsley, il se convertit au catholicisme, conversion qui bouleverse le cours de sa vie. Il accomplit un pèlerinage en Terre Sainte, se lance dans l’illustration de l’Évangile selon saint Matthieu, rentre au Canada en 1959, se réconcilie avec les siens et fonde une famille. En quelques années, son œuvre de peintre connaît un grand succès.

Le Labyrinthe (The Maze) a été peint en 1953, lors de la seconde hospitalisation au Maudsley durant laquelle avait été mis à sa disposition un petit studio pour l’inciter à peindre (figure 1). Frustré par l’absence de progrès de son traitement, Kurelek a voulu donner à ses psychiatres une représentation des souffrances qu’il peinait à leur faire comprendre, dont il avait espéré être délivré par l’hôpital. Il a commenté Le Labyrinthe à plusieurs reprises par la suite, notamment à l’occasion d’un film qui lui a été consacré, ainsi que dans le récit autobiographique de sa conversion. Certains de ses commentaires varient légèrement d’une version à l’autre dans l’interprétation des scènes figurées. En voici de principaux extraits :

« Le sujet représente un homme (moi) gisant sur une lande stérile face à un champ de blé, la tête fendue en deux. Le point de vue est celui du sommet de son crâne […] Sur la partie gauche du tableau, les pensées produites dans sa tête ont l’aspect d’un labyrinthe […]. Sur la droite, on aperçoit le reste du corps : mains et pieds sont visibles au travers des yeux, du nez et de la bouche […], qui s’estompent au loin dans le monde extérieur. (La position est prostrée parce que j’avais renoncé à continuer […], je ne pouvais plus supporter de vivre.) Le labyrinthe. De type sans issue, il occupe et divise l’intérieur du crâne en des associations de pensées que relient des voies de passage […]. Le rat blanc recroquevillé dans la cavité centrale représente mon Esprit (je suppose). Il est recroquevillé par la frustration d’avoir si longtemps arpenté le dédale de ces pensées misérables sans espoir d’y échapper. (Il a grignoté les images de chaque cavité : elles sont immangeables). »

« Le monde extérieur. Les sauterelles et la sécheresse (soleil devant les nuages) représentent la Nature impitoyable, celle qui a ruiné mon père fermier et fait sortir de lui la bête acculée (croyance que mes problèmes découlaient en grande part de mon père qui passait sur moi la rage impuissante de ses échecs). Le sol épineux couvert de pierres est une sorte de “Terre vaine ” à la T.S. Eliot – stérilité spirituelle et culturelle : le tas d’excréments avec les mouches évoque ma vision du monde et de ses habitants. Les rubans qui maintenaient la tête d’un “homme creux ” comme dans le poème d’Eliot sont défaits, suggérant que la psychiatrie a ce pouvoir d’ouvrir l’esprit et de le diagnostiquer […]. Mais le monde extérieur n’ayant toujours pas d’attrait, le rat demeure inerte. Avant que la tête n’ait été ouverte, des bogues de marrons (expériences cruelles) ont obstrué la gorge et blessé le dessous sensible de la langue, et lorsqu’elle fut ouverte, de la sciure et des copeaux (éducation sans goût) se sont répandus : des symboles de la peinture (Michel-Ange), de la littérature (livre) et de la musique (pochette de disque), également sans goût (à mes yeux), sont mêlés à la sciure (j’ai perdu ma sensibilité artistique). Les bogues dans l’orbite représentent les appréciations successives de mon caractère par n’importe quelle personne cherchant à se lier avec moi : elles sont toutes négatives mais gardent un espoir, jusqu’à ce que la dernière découvre que mon cœur est une larve. Sur la langue et dans la gorge, la famille Kurelek (grosses bogues engendrant de petites), avec mon père, bogue bleue dure et dominatrice, qui éventre la bogue jaune blette de ma mère pour en libérer plusieurs bogues : mes frères, mes sœurs, une orange pas comme les autres?? moi […]. La bogue inversée, c’est moi enfant, douloureusement bloqué entre les deux faces de mon père, celle que je détestais et celle que je vénérais.

Sommet et en haut à droite. Éducation. Moi petit garçon, rejeté par mes camarades de classe. Ma peur des bagarres à l’école, la risée des filles. Ma terreur d’être chassé par mon père, de perdre l’affection, la nourriture, l’abri, la chaleur d’un foyer. La philosophie de mon père – le plus rusé survit –, illustrée par la situation du poisson idiot.

En haut à gauche. Politique. Mon attachement temporaire au nationalisme ukrainien, cri d’angoisse devant l’Ukraine violée par la Russie. Mon association par la suite au Mouvement de la Paix, vitrine du parti communiste (slogans orwelliens aux idéaux trahis). Résultat final de penchants politiques par trop zélées, la guerre (ma peur physique de celle-ci).

Au milieu à gauche. Sexualité. Le manège aux marionnettes de chiffons avec les tapisseries évoque mon malaise pendant les leçons de danse à l’hôpital. Le taureau qui arrache son entrave pour s’élancer sur la vache en chaleur, ma peur du côté animal du sexe en moi.

En bas, au milieu et à gauche. Relations sociales. L’hôpital avec le supplice de la présentation de malades (moi dans un tube à essai, scruté par Sir Aubrey Lewis, les Drs Cormier, Carstairs, etc. […] ; je tente de cacher ma nudité à des médecins freudiens qui expliquent quasiment toutes les diff ?cultés psychiques par des problèmes sexuels). J’étais mitigé sur le sens de ces présentations : conspiration bienveillante ? (Au lit, dorloté, le staff observant derrière le paravent ce qui pourrait bien me guérir : de la nourriture ? un trophée ? une femme ?) Ou persécution malveillante ? (médecins-corbeaux becquetant un lézard.) Dans le monde extérieur : je continue d’être un paria qui contourne la route ensoleillée de la vie par un fossé boueux en contrebas de la haie, de peur d’être aperçu en pleine lumière.

À droite. Vie et mort. Le “Musée du désespoir ” : la menace nucléaire (l’avenir), un homme frappant sa tête contre les murs (le courage), des poupées en bois enlacées sans aucune sensation (l’amour), un crucifix sur une fourmilière (la religion), l’écureuil dans une roue de discipline (le travail) […]. Le tapis roulant convoyant inexorablement sa victime (moi) vers le rouleau compresseur de la Mort qui l’écrasera (d’après l’horloge, je suis au tiers du parcours). Dernière image : j’essaie de me convaincre que je suis réellement mortel (ma dépersonnalisation), en copiant une information de seconde main (un dessin), au lieu d’examiner le cadavre et le cercueil. »

Une vingtaine d’années plus tard, Kurelek écrivit au Maudsley pour exprimer sa reconnaissance d’avoir été si spontanément hébergé et traité aux heures les plus pénibles de sa vie, manifestant son intention de rembourser les frais occasionnés par ses soins, maintenant qu’il en avait les moyens. Comme il lui fut répondu qu’il n’avait aucune dette envers l’hôpital puisque la médecine était gratuite en Angleterre, il décida d’envoyer une œuvre originale spécialement peinte pour l’occasion en guise de remerciements. Intitulé Hors du labyrinthe (1971), le tableau (que l’on peut lui aussi admirer dans le petit musée du Bethlem à Beckenham) nous montre Kurelek, sa femme et ses enfants en train de pique-niquer dans le silence d’une immense prairie verdoyante du Canada. Leur auto est garée sur une route au loin, il n’y a personne d’autre en vue hormis quelques vaches paisibles qui paissent à côté. Lorsqu’on l’observe avec attention, on retrouve, abandonné dans l’herbe, le crâne fendu en deux du Labyrinthe, désormais simple coquille vide de pensées douloureuses. Pas un souffle d’air ne vient troubler la surface endormie de la marre voisine, une atmosphère de quiétude et de bonheur tranquille émane de la scène. Pour combien de temps ? Tandis que la petite famille récite en choeur le bénédicité, derrière elle au loin sur un coin de l’horizon s’amasse un sombre nuage annonciateur d’orage. Kurelek devait mourir six ans plus tard d’un cancer, à l’âge de cinquante ans [1-3].


Bibliographie

  • 1 –  Kurelek W. Someone With Me. The Autobiography of William Kurelek. (2nd ed.). Niagara Falls : Niagara Falls Art Gallery, 1988.
  • 2 –  Morley P. Kurelek : A Biography. Toronto : Macmillan of Canada, 1986.
  • 3 –  Bethlem Royal Hospital Archives and Museum. www.bethlemheritage.org.uk

Notes

Villa Reale, 10, rue Paul-Belçaguy, 13100 Aix-en-Provence