Les psychostimulants ont du succès

Article paru dans Neuropsychiatrie : Tendances et Débats 2006 ; 29.

La vogue que connaît actuellement la thérapeutique du « trouble hyperactivité avec déficit de l’attention » (le THADA de nos publications pédopsychiatriques françaises) par les psychostimulants amphétaminiques ou apparentés ne risque-t-elle pas de se solder un jour ou l’autre par quelques retombées toxicomaniaques ? Que nenni, répondent en chœur les adeptes de ces traitements, car leur formes galéniques actuellement commercialisées permettent de pallier à tout risque de détournement. Il est vrai que quelques travaux expérimentaux tendent à le confirmer[1]. Mais hélas, chercher à stimuler par tous les moyens disponibles ses circuits dopaminergiques est un vice aussi vieux que les mammifères. Et les chiffres d’abus et de toxicomanie aux psychostimulants qui commencent à poindre, dans les études épidémiologiques américaines, semblent le confirmer, une fois de plus.

Aux Etats-Unis où, il faut le dire, un enfant d’âge scolaire sur vingt en moyenne passe pour souffrir d’ADHA (AttentionèDeficit-Hyperactivity Disorder)[2], les données commencent à être sérieusement alarmantes. En 2004, pour la classe de « 12ème grade », soit la tranche d’âge de 17-18 ans, les prévalences de l’abus d’amphétamine et de méthylphénidate atteignent des taux de l’ordre de 8,% et 4,4%, respectivement[3]. Une autre étude plus récente conclut à chiffres similaires : 4,7% de la population américaine détourne régulièrement des amphétaminiques de leur indication médicale, 2% présente une dépendance à ces produits[4]. On quelquefois la désagréable impression, en psychiatrie, que traiter un problème, c’est le remplacer par un autre…

[1] Spencer TJ, Biederman J et coll. Am J Psychiatr 2006 ; 163 : 387-395.

[2] “New Developments in the Treatment of Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder”. Supplement n° 8, J Clin Psyciatr 2006 ; vol 67 (60 p.).

[3] Volkow ND. Am J Psychiatr 2006 ; 163 : 359-361.

[4] Huang B, Dawson DA et coll. J Clin Psychiatr 2006 ; 67 : 1062-1073.